PANORAMA DE LA FISCALITE DU PATRIMOINE 2018

PANORAMA DE LA FISCALITE DU PATRIMOINE 2018

La loi de finances pour 2018 et la loi de finances rectificative pour 2017 ont été définitivement adoptées et le Conseil constitutionnel en a validé les principales dispositions le 28 décembre dernier.

Au risque de l’indigestion, mais sans prétendre à l’exhaustivité, voici un panorama des dispositions fiscales entrées en vigueur au 1er janvier 2018 et intéressant la fiscalité du patrimoine :

  • Impôt sur le revenu des particuliers :

– instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU ou « flat tax ») de 30% (12,8% d’IR + 17,2% de PS) pour l’imposition des revenus de capitaux mobiliers et plus-values de valeurs mobilières, sauf option globale et annuelle pour une imposition au barème progressif. Dans ce dernier cas, les abattements antérieurs (sur les dividendes et plus-values) sont maintenus, sauf en cas de cession intra-familiale ou départ à la retraite. A noter également que le PFU ne remet pas en cause les principes d’imputation des moins-values de l’année en cours et des dix précédentes, ni l’abattement de 500.000€ pour départ à la retraite qui subsiste (lui). Enfin, le prélèvement forfaitaire non libératoire (PFNL) est réduit à 12,8% sauf en matière d’assurance-vie où un régime dérogatoire continu à s’appliquer avec une distinction selon la date des versements (avant ou après le 27/09/2017).

augmentation de la CSG d’1,7 point et aménagement des modalités de déduction de l’IR pour certaines plus-values de cession de valeurs mobilières (total déductible : 6,8 pts sur un total de 17,2 pts désormais).

– simplification et précisions techniques sur le prélèvement à la source (PAS) qui entrera en vigueur au 01/01/2019.

plus-values immobilières : instauration d’un abattement exceptionnel et temporaire dans les zones A et A bis pour les cessions ayant fait l’objet d’un avant-contrat avec date certaine entre le 01/01/2018 et le 31/12/2020 et si la cession est réalisée avant le 31/12 de la 2nde année suivant celle de l’enregistrement de l’avant-contrat (hors cessions intra-familiales ou cessions à soi-même), pour lesquelles l’acquéreur s’engage à construire dans les 4 ans un bâtiment collectif d’habitation ; l’abattement est de 70% – porté à 85% si l’acquéreur réalise des logements sociaux ou intermédiaires à plus de 50% – et s’applique à l’IR (qui reste à 19%), aux PS et à la sur-taxe sur les plus-values élevées.

– augmentation du taux de la réduction d’impôt de 18 à 25% dite « Madelin » au titre de la souscription en numéraire au capital de certaines PME

– diminution du taux de la retenue à la source sur les revenus distribués à des non résidents.

  • Création de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) :

– biens taxables : biens immobiliers non-professionnels et titres représentatifs de tels biens quel que soit le support (société, OPCI, assurance-vie…) sauf exceptions selon le taux de participation du redevable dans certaines sociétés (notamment pour participation inférieure 10% dans une société opérationnelle).

– évaluation des titres : imposition de la fraction représentative des actifs immobiliers sans tenir compte des titres détenus par la société dans une société opérationnelle, des actifs immobiliers affectés à l’exploitation de l’activité de la société (sont exclues les activités de gestion de son propre patrimoine), des actifs immobiliers affectés à l’activité directe ou indirecte (via une société contrôlée) du redevable. A noter que pour l’évaluation des titres, est instauré un principe de non-déductibilité des dettes souscrites pour l’achat d’un bien auprès de celui qui contrôle la société ou de l’un des membres du groupe familial de manière directe ou indirecte (vente à soi-même, compte courant), « sauf si le redevable justifie que la dette n’a pas été contractée dans un objectif principalement fiscal »…

– passif déductible : les prêts in fine sont traités comme des prêts amortissables, la déductibilité des dettes est limitée au delà de 5M€ d’actif et les prêts familiaux conclus dans des conditions normales sont déductibles.

– démembrement de propriété : maintien du principe d’imposition (intégrale) de l’usufruitier sauf usufruit détenu à titre successoral et en vertu de la loi et usufruit résultant d’une vente à un non-successible ou d’un don à un OSBL ou une collectivité.

– pour le reste : régime semblable à celui de l’ISF (seuils, taux, plafonnement, exonération LMP…) si ce n’est que la déclaration est à faire en même temps que celle des revenus.

  • Fiscalité des entreprises soumises à l’IR :

– relèvement des seuils micro à 170.000 € pour les activités de vente et 70.000 € pour les prestations de service (avec une appréciation sur l’année N-2 dans certains cas).

– le taux d’imposition des plus-values professionnelles à long terme est aligné sur le PFU (30%).

– ZRR : l’exonération d’impôt sur les bénéfices en cas de reprise d’une activité est applicable à la 1ère transmission familiale.

– suppression du CICE et en contrepartie d’une baisse des charges patronales.

  • Fiscalité des entreprises soumises à l’IS :

– révision des modalités de la baisse du taux de l’IS pour un taux de 25% au 01/01/2022 (au deçà de 38.120 €).

– aménagement du régime des fusions, scissions et apports partiels d’actif (« clause anti-abus » et suppression de l’obligation de conservation de 3 ans).

– aménagement du régime de faveur applicable aux plus-values immobilières réalisées en vue de la création de logement.

  • Investissement immobilier :

– prorogation jusqu’au 31/12/2021 et recentrage du dispositif de défiscalisation dit « Pinel » dans les zones A bis, A et B1 (avec mesures transitoires dans les zones B2 et C).

– prolongation du dispositif de défiscalisation dit « Censi-Bouvard » pour les LMNP jusqu’au 31/12/2018.

– augmentation du taux de TVA – de 5,5% à 10% – applicable à certaines opérations d’accession à la propriété.

– prorogation et aménagement du régime du PTZ.

– prorogation du dispositif « DEFI-Forêt » (réduction et crédit d’IR) jusqu’au 31/12/2020.

  • Dispositions diverses :

– suppression progressive de la taxe d’habitation sur 3 ans.

– suppression de la majoration de plein droit des taxes foncières des terrains constructibles situés en zone tendue (mais maintien de la majoration à l’initiative de la commune).

– réduction du taux d’intérêt de retard de 0,40% à 0,20%.

– création d’une procédure unique de saisie : « saisie administrative à tiers détenteur ».